Agnès Plagneux-Bertrand

Maire adjointe de Toulouse et vice-présidente de Toulouse Métropole, en charge de l’Industrie

Mairie de Toulouse, Toulouse

Agnès Plagneux-Bertrand

Après avoir été ingénieure en électronique puis travaillé dans l’aérospatial, Agnès Plagneux Bertrand investit désormais le champ de la société civile.
Promotion 99 de l’ESPCI Paris-PSL

Elle a tout d’abord pensé à faire médecine, ayant elle-même grandi dans une famille tournée vers la santé, mais c’est finalement vers les sciences qu’elle se dirige, avec l’envie de faire des études efficaces, valorisables plus rapidement. Grande passionnée des mathématiques et de la physique, Agnès Plagneux-Bertand veut toutefois continuer à faire de la chimie, car elle y voit un moyen de créer des ponts avec les biotechnologies et les matières vivantes. Elle se tourne alors vers l’enseignement pluridisciplinaire de l’ESPCI. “Quand on voulait viser une école de haut niveau, avec de la chimie, il n’y avait que celle-ci.”

Etudiante à l’ESPCI du temps où Pierre-Gilles de Gennes est directeur, elle se souvient très bien de sa figure très présente dans l’école et des grands préceptes qu’il a inculqués aux étudiants, et qui l’ont suivie durant toute sa carrière professionnelle : “Il faut toujours douter. Surtout fuyez les certitudes, car on se leurre. Soyez habité par le doute car il va éveiller la curiosité, va vous permettre d’être plus rigoureux.” Après son diplôme, Agnès Plagneux-Bertrand se dirige vers les sciences appliquées et fait de la chimie et de la photolithographie au sein de la société américaine IBM spécialisée dans l’informatique, notamment à la fabrication de semi-conducteurs. Puis elle entame un premier virage au sein de la centrale d’achat d’IBM qui achète les semi-conducteurs, où cette fois-ci elle est chargée de qualifier les fournisseurs.

En tant que femme dans les sciences et plus particulièrement dans l’industrie, Agnès Plagneux- Bertrand connaît des petites réflexions et injustices ou encore “des entretiens d’embauche où le recruteur affirmait clairement ne pas vouloir embaucher de femme.” mais elle n’en fait pas de cas car à l’époque, dans les années 1980, c’est pratiquement commun et les femmes sont habituées à être traitées ainsi. Mais elle voit également les choses évoluer : “l’industrie commençait à avoir des quotas et les femmes ingénieures étaient plutôt bien perçues car les entreprises avaient besoin de féminiser leurs équipes.”

La carrière d’Agnès Plagneux-Bertrand est ensuite faite d’allers et retours entre les pouvoirs publics et l’industrie. Elle travaille au service du développement économique et de l’enseignement supérieur de la région Aquitaine. Là, au contact avec les grands groupes et les PME, son passé d’ingénieure dans l’industrie lui permet de discuter en toute connaissance de cause et de construire des relations de confiance. Mais au bout de quelques années, elle a ce désir de retourner dans l’industrie et plus particulièrement dans l’aéronautique, et intègre le pôle de compétitivité Aerospace Valley, puis Airbus à la direction de la recherche, où elle travaille notamment sur le développement de l’avion électrique. Aujourd’hui Agnès Plagneux-Bertrand est de retour dans les pouvoirs publics et a rejoint le maire de Toulouse pour s’occuper de l’activité économique, aéronautique et spatiale, et de la santé.

Consciente des enjeux écologiques et des besoins de décarboner nos activités, Agnès Plagneux-Bertrand tient toutefois à ce que l’Europe ne diminue pas sa production aéronautique et soit justement l’instigatrice de cette transition. L’organisation du monde actuel ne pourra plus se passer totalement de l’avion, il faut donc “garder la main sur sa décarbonisation, encourager les constructeurs européens à aller de l’avant et à faire des ruptures technologiques pour aller vers l’avion décarboné. Il faut aller vers l’avion décarboné mais tactiquement il ne faut surtout pas que cela se passe en dehors de chez nous, il faut garder cette activité, que ce ressourcement technologiquement ait lieu sur nos terres européennes. La situation environnementale nous oblige à agir aujourd’hui, c’est une contrainte mais c’est également une réelle opportunité.”

Un parcours varié, fait d’allers et retours entre l’industrie et le public, la théorie et la pratique, à l’image de l’ESPCI. “Cette formation scientifique couvre presque tous les domaines, avec de la théorie et aussi beaucoup de travaux pratiques, qui donne donc un socle très solide. J’ai l’impression que dans n’importe quel domaine je peux me raccrocher à des choses que je comprends, qui m’ont été enseignées. Une fois qu’on a ce genre de formation on est en capacité d’apprendre un peu tout, on est très adaptable. On peut changer plusieurs fois de métier, c’est une vraie chance.”