Amaëlle Landais-israël

Glaciologue et paléoclimatologue, directrice de recherche CNRS au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement

Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, Gif-sur-Yvette

Amaëlle Landais-israël

Elle fait partie de celles et ceux qui étudient le réchauffement de la planète, Amaëlle Landais-Israël remonte dans l’histoire du climat pour étudier les bouleversements à venir.
Promotion 116 de l’ESPCI Paris-PSL

Originaire d’une petite commune de province et surtout sans passer par la case “classe préparatoire”, intégrer l’ESPCI n’a pas été une mince affaire pour elle, et pourtant ! Au collège et au lycée, Amaëlle Landais-Israël s’ennuie un peu et commence alors à approfondir sa connaissance des sciences par elle- même, à travers des revues mais aussi et surtout dehors, au contact même de la nature. Lorsqu’elle choisit l’ESPCI c’est pour garder un enseignement généraliste et continuer à mêler la physique et la chimie. Sa spécialisation se précise après un stage auprès de Jean Jouzel, sur l’étude de la glace, à un moment important : le début du forage de carottes de glace sur la station Concordia en Antarctique, dont elle fait d’ailleurs les premières analyses. Depuis ce domaine ne la quitte plus. Avec son approche naturaliste des sciences elle présente une thèse dirigée par deux grands pontes du milieu, les paléoclimatologues Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte et est toujours très impliquée dans la recherche fondamentale et les sciences du climat et de l’environnement.

Aujourd’hui, Amaëlle Landais-Israël développe des outils pour reconstruire différents paramètres climatiques, la productivité de la biosphère ou encore pour comprendre comment la glace piège des bulles d’air. Un travail dans lequel elle parvient encore à mêler physique et chimie : “On est vraiment à la croisée des deux car les mécanismes climatiques relèvent plutôt de la physique et les analyses que je fais pour reconstruire ces mécanismes sont des mesures de chimie.” Elle part occasionnellement en expédition en Antarctique pour récupérer de nouvelles carottes de glace et faire des mesures de surface, mais la majeure partie de son travail se déroule en France, dans son laboratoire, où elle participe à la construction scientifique des prochaines expéditions et où elle se sent le plus en action : à mesurer, acquérir des données, faire des manipulations, développer de nouveaux instruments.

Au fil de ses travaux, elle parvient à remonter dans l’histoire du climat afin de comprendre les mécanismes climatiques. “La période des derniers 800 000 ans est importante car la Terre est la même que la Terre actuelle. Les variations climatiques sur ces périodes-là sont assez importantes et extrêmement rapides donc si on comprend bien ces changements climatiques on peut tester, à partir des modèles de ces variations climatiques extrêmes, les prédictions qu’on a pour le futur, notamment celles du GIEC.” Pour se faire, les carottes de glace sont les seules archives que nous ayons car elles seules ont pu piéger l’atmosphère du passé dans de petites bulles d’air.

Fort de tout cela, Amaëlle Landais-Israël voit le réchauffement climatique en action : il devient par exemple plus difficile aux avions des équipes de recherche d’atterrir en Antarctique car il y a moins de banquise et elle est plus fine, ou encore de grosses masses d’air chaud et humide arrivent sur le continent, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Et au Groenland, depuis 2012 “il y a des périodes où toute la surface fond de quelques millimètres seulement mais partout, et ce n’était pas arrivé depuis 125 000 ans. On sort donc complètement de la variabilité naturelle du climat.”

Amaëlle Landais-Israël a remporté de nombreuses distinctions scientifiques : Médaille de bronze du CNRS, Prix d’excellence scientifique de la Fondation France- Israël, Prix Etienne-Roth du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, plus récemment le Prix de l’Académie des Sciences en octobre 2022, mais celui dont elle est le plus fière est le prix du mentorat que lui ont décerné les étudiants qu’elle accueille et encadre dans son laboratoire. C’est d’ailleurs dans cette nouvelle génération qu’elle voit une vraie conscience environnementale apparaître : “Il y a 10-15 ans les étudiants venaient pour l’aventure polaire, aujourd’hui ils viennent plus par conscience environnementale, ils veulent comprendre le changement climatique et essayer de contribuer à freiner cela.”