Haya Hanna

Ingénieure et investisseuse dans les start-up chez Hummingbird Ventures

Jardin des Tuileries, Paris 1

Haya Hanna

D'ingénieure à investisseuse, Haya Hanna investit aujourd'hui dans les start-up en deep tech, soit orientées vers les innovations de rupture, et les accompagne dans leur croissance.
Promotion 132 de l’ESPCI Paris-PSL

D’origine palestinienne, Haya Hanna grandit à Jérusalem, entourée de parents qui mettent un point d’honneur à son éducation. “J’ai grandi sous l’occupation militaire, j’ai vécu la deuxième intifada, les checkpoints, la construction du mur de séparation. Et à 18 ans j’ai décidé de partir.” Alors qu’elle passe un baccalauréat en anglais et aurait pu partir aux Etats-Unis ou en Angleterre pour la suite de ses études, son choix se porte sur la France où elle voit la possibilité de combiner une éducation académique de grande qualité et une expérience culturelle exceptionnelle. “Je savais que je voulais faire des sciences depuis longtemps, en particulier de la physique. Dans un contexte tel que celui dans lequel j’ai grandi, régi par des règles illogiques et injustes, voire même chaotiques, j’ai trouvé dans les sciences une forme d’échappatoire, un univers fait de logique et de rationalité.”

Arrivée à Paris, ne parlant pas français, elle doit chercher un appartement, prendre des cours de français et appréhender tout un système, celui de l’enseignement supérieur avec les classes préparatoires, les grandes écoles, l’université, les concours. Et alors qu’elle prépare le Magistère de physique fondamentale d’Orsay, Haya Hanna tente de rentrer à l’ESPCI. “Je voulais intégrer cette grande école qu’est l’ESPCI car c’est une référence dans le monde de la recherche et j’étais déterminée à m’orienter dans cette voie.”

Fortement marquée par sa formation au sein de l’école, “je trouvais incroyable de pouvoir être physicienne, de pouvoir en même temps comprendre la chimie et la biologie, et d’avoir une formation tournée vers les travaux pratiques”, Haya Hanna a aussi le désir de comprendre comment la science se traduit en application puis en innovation. Elle décide alors de poursuivre son cursus avec un double diplôme d’ingénieur aux Mines de Paris et commence à se spécialiser dans l’entrepreneuriat et l’innovation.

Après son diplôme elle souhaite travailler dans une start- up tournée vers le climat, mais n’en trouvant aucune qui lui convienne vraiment, elle commence à travailler dans un fonds d’investissement qui investit dans des jeunes sociétés “clean tech”, soit orientées vers le climat. Il s’agit souvent de projets risqués car ces start-up sont encore dans une phase de recherche et ont beaucoup de difficulté à avoir un prêt bancaire. Elles ont donc recours à un type de financement appelé “venture capital”, des fonds d’investissement qui injectent leur argent dans ces start-up, les accompagnent et deviennent en contrepartie membres du conseil d’administration et actionnaires de l’entreprise. “C’est un processus d’accompagnement et de financement sur le long terme car on peut rester au board d’une société parfois plus de dix ans.” Et c’est dans l’un de ces fonds qu’Haya Hanna travaille toujours aujourd’hui, Hummingbird Ventures, un fonds international et multi-sectoriel où elle est chargée des investissements en “deep tech” soit tout ce qui concerne des innovations de rupture.

Un travail qui est donc plus éloigné de la recherche mais qui n’est pas sans garder une très forte dynamique scientifique car elle est appelée à parler avec des entrepreneurs du monde entier et doit être en mesure de comprendre leurs recherches, l’innovation que cela peut apporter, la faisabilité et la rentabilité du projet. “Je regarde actuellement des secteurs aussi divers que passionnants comme la physique quantique, la mécanique des fluides, la science des matériaux, etc.”

Forte de 6 ans d’expérience dans le milieu de l’entrepreneuriat scientifique, Haya Hanna voit quelques évolutions : les start-up en “deep tech” sont de plus en plus nombreuses. “Les gens veulent travailler pour une cause, être acteurs du changement, avoir un impact, ce qui donne des projets dans le climat, la santé, la robotique, l’intelligence artificielle, le machine learning.” Ou encore elle note que de nombreux entrepreneurs qui se lancent dans des start-up sont issus de l’immigration. “C’est le cas en France et cela s’explique : quand on arrive dans un nouveau pays, on a tendance à travailler dix fois plus que la moyenne. On a un parcours qui nous donne envie de construire d’une manière atypique et puis surtout, il faut que l’on se trouve.”