Maïlys Grau

Présidente et fondatrice de Circouleur, start-up spécialisée dans les peintures recyclées

Blanquefort

Maïlys Grau

Des énergies photovoltaïques à la chimie des peintures, Maïlys Grau a créé sa propre entreprise et a porté son innovation sur le marché.
Promotion 122 de l’ESPCI Paris-PSL

Douée pour les sciences à l’école et tenant Marie Curie comme figure d’inspiration, Maïlys Grau se retrouve naturellement en classe préparatoire scientifique. “Pendant très longtemps c’était le seul et l’unique modèle de femme scientifique que j’avais. Et en même temps un modèle inatteignable car son parcours est vraiment hors du commun.” Mais c’est une visite de l’école qui la marque fortement par son ancrage très scientifique, et la décide à intégrer l’ESPCI. “Je savais que nous allions faire essentiellement de la science et peu d’autres matières comme le management, le commerce, la finance. que je voyais – à l’époque – comme une façon de se disperser.”

Maïlys Grau découvre assez tôt qu’elle veut travailler pour l’environnement et faire un métier qui a un impact positif. Elle commence à s’intéresser dès la classe préparatoire aux énergies renouvelables et à l’énergie photovoltaïque et profite d’ailleurs de l’ESPCI pour suivre deux cursus en ce sens en Angleterre. Elle qui, initialement, n’envisage pas de faire une thèse, en fait finalement une à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA) autour d’une innovation pour la fabrication des cellules photovoltaïques.

“Je voulais travailler dans le photovoltaïque pour avoir un impact sur la transition écologique et énergétique, mais en Recherche & Développement, j’avais du mal à voir la connexion entre mon travail, pour l’amélioration des panneaux solaires, et l’impact réel et positif que je voulais pour l’environnement et la réduction du bilan carbone. Le photovoltaïque est un secteur d’une grande complexité structurelle et qui est très soumis à la délocalisation.” Continuer dans cette voie perd alors progressivement de l’intérêt et Maïlys Grau se découvre l’envie de créer son entreprise, créer quelque chose qui soit concret pour elle en matière d’impact environnemental positif. Réalisant alors qu’il n’y avait pas de filière de recyclage de peinture en France, elle décide de se lancer dans ce domaine et grâce à l’enseignement pluridisciplinaire qu’elle a reçu, réussit ce grand-écart. “Même si ce domaine était complètement différent de celui dans lequel j’avais travaillé les précédentes années, j’avais suffisamment de bagage technique pour me lancer dans ce secteur, faire les premières manipulations moi-même, encadrer les équipes techniques.”

Récompensée de plusieurs prix (Trophée de l’entreprise circulaire, Prix Potier.), l’entreprise de Maïlys Grau, Circouleur, récupère des pots de peinture inutilisés mis en déchetterie et les trie minutieusement. Toute cette matière est ensuite rangée par grandes classes de couleurs et est testée en laboratoire pour déterminer quelle formule chimique appliquer pour former une nouvelle peinture utilisable et unifiée, en ajoutant moins de 10% de matière neuve. Ne récupérant que les peintures acryliques, qui représentent tout de même la majorité des peintures du marché et ont surtout l’avantage d’être toutes compatibles entre elles, Circouleur peut donc les mélanger pour former une nouvelle peinture. “On ajuste la formule par rapport à la matière première qui n’est jamais la même, afin de produire des lots de peinture qui soient toujours cohérents. Vous trouverez toujours la même teinte de vert chez nous par exemple, c’est le cœur de notre travail de reformulation.” Une peinture vendue aujourd’hui au grand public et aussi aux professionnels, car elle permet notamment à ces derniers de baisser le bilan carbone de leurs chantiers.

Ayant envie d’ajouter au volet environnemental, un volet social, Maïlys Grau a décidé de confier à des personnes en insertion le tri des pots de peinture et travaille avec un ESAT – établissement d’aide par le travail – pour l’étiquetage des pots de peinture et la création des nuanciers. “Grâce à son cursus de très bonne qualité, l’ESPCI permet à ses élèves-ingénieurs d’atteindre des fonctions à forte responsabilité et, je l’espère, de devenir acteurs du changement. C’est une question d’éthique.”