Pascaline Hayoun

Directrice de la stratégie monde au sein de Saint-Gobain, le leader mondial de la construction durable

Tour Saint-Gobain, Paris La Défense

Pascaline Hayoun

Désireuse d’utiliser ses connaissances pour répondre à des problématiques concrètes, Pascaline Hayoun a tracé sa voie dans les sciences appliquées et est maintenant l’un des profils les plus jeunes à être à la direction de la stratégie au sein d’un grand groupe industriel.
Promotion 128 de l’ESPCI Paris-PSL

D’origine modeste, Pascaline Hayoun se découvre un intérêt pour les sciences en grandissant, au fil des après-midis passés avec ses frères au Palais de la Découverte. En classe préparatoire scientifique, elle réalise qu’elle aime avant tout la chimie et envisage alors de travailler pour les biotechnologies, les cosmétiques ou la chimie pharmaceutique. L’ESPCI apparaît donc comme une parfaite combinaison de chimie, de biologie et de physique, elle tente le concours sans forcément y croire mais elle est acceptée ! C’est ensuite la science des matériaux qui l’emporte, pour son mélange de physique et de chimie : elle obtient sa thèse de doctorat en physique des liquides et matière molle, soit le comportement des liquides et leurs interactions avec d’autres matériaux, une thèse industrielle financée par le groupe Saint-Gobain spécialisé dans la construction durable, qui la recrute par la suite.

Pascaline Hayoun se dirige vers l’industrie pour travailler sur des problématiques concrètes et mener des travaux de recherche avec des échelles de temps courtes et un rapport direct avec la vie de tous les jours. Quelques années plus tard, alors qu’elle travaille en Recherche & Développement au sein du groupe Saint-Gobain aux Etats-Unis, Pascaline Hayoun ajoute à sa formation d’ingénieure, un diplôme d’une école de commerce américaine (executive MBA) pour aller vers des fonctions plus généralistes de management. Aujourd’hui son travail est plus éloigné des sciences, puisqu’elle est directrice de la stratégie au sein d’une division de Saint-Gobain. “Je dois déterminer où l’entreprise doit aller pour survivre, se développer, croître et innover. Il faut donc identifier les marchés porteurs et s’assurer que nous ayons les bonnes compétences pour innover sur ces marchés-là et définir une feuille de route. L’autre aspect est la croissance inorganique, soit la fusion- acquisition : regarder en externe où sont les innovations, réfléchir à des géographies où nous ne sommes pas présents, approcher des entreprises pour les racheter, surveiller l’écosystème des start-ups pour conclure des partenariats ou investissements avec elles..” Un travail qui mêle donc expertise technique et analyse concurrentielle et financière. “Je dois être en mesure d’aller dans le détail et de comprendre ce que font les équipes d’ingénieurs, mais aussi d’avoir une vue de cohérence globale, pourquoi est-ce qu’on fait cela etc.”

Et depuis quelque temps, Pascaline Hayoun voit la demande des clients de Saint-Gobain évoluer. Elle a comme mission d'intégrer le développement durable dans la feuille de route stratégique et est désormais amenée à réfléchir à de l'éco-innovation, des solutions d'innovation plus durables, par exemple avec des matières biosourcées ou recyclées, et est également en charge des programmes sur les matériaux de Saint-Gobain pour la voiture électrique.

Lauréate du Prix jeune talent L’Oréal-Unesco pour les Femmes et les Sciences (2016) et ambassadrice de la Fondation L’Oréal, elle s’engage fortement pour les femmes qui sont minoritaires dans les sciences et l’industrie. Elle- même reconnait avoir eu quelques difficultés au début, étant une femme et jeune : “on ne me prenait pas toujours au sérieux à première vue. Les choses évoluent dans le bon sens, chez Saint-Gobain par exemple il y a de plus en plus de diversité en Recherche & Développement mais le problème reste encore sur les postes à hautes responsabilités, où les femmes sont encore très peu présentes.” Elle a d’ailleurs co-fondé un réseau au sein de Saint-Gobain pour promouvoir l’égalité professionnelle et la mixité, et promouvoir les métiers techniques, notamment auprès des jeunes filles : le réseau WIN Ile-de-France. Avec le soutien d’autres collègues, elle y organise des échanges et ateliers en interne sur ces questions et s’adresse aussi à l’extérieur en organisant par exemple des journées en entreprise pour des jeunes filles de milieux défavorisés. Un réseau qu’elle veut mixte car “pour réussir cette diversité nous avons besoin des hommes, il est essentiel que tout le monde prenne conscience de la nécessité de soutenir les carrières des femmes et d’aller vers l’équilibre dans toutes les équipes pour favoriser l’innovation et la créativité.” Elle est convaincue qu’il reste encore beaucoup de choses à faire, notamment pour accompagner les filles vers les sciences : “Tout se passe dans l’orientation scolaire, dès le plus jeune âge. Il y a une censure qui se fait assez tôt et il revient aux professeurs et aux parents d’encourager les filles à persévérer en sciences, ne pas simplement leur dire que ce n’est pas grave si elles ne sont pas bonnes en mathématiques, que ce n’est pas pour elles, qu’elles seront bonnes en lettres…”

Très impliquée dans la vie de l’école du temps de ses études, participant à de nombreux clubs, compétitions sportives, forums. Pascaline Hayoun l’est toujours aujourd’hui en tant que vice-présidente du conseil d’administration de l’association des anciens élèves (ESPCI Alumni). Outre l’excellence scientifique, elle retient également de cette école une grande rigueur “à la fois technique mais aussi dans le management de projets. Il y a beaucoup de travaux pratiques et de rapports à faire, on acquiert donc de la méthodologie et une rigueur à l’écrit, en matière d’analyse et de synthèse.”